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Année : 2020

Le contrôle du confinement en pratique

La mise en œuvre du confinement général était un exercice inédit. Bien sûr, l’habitat dispersé qui caractérise notre structure démographique l’a plutôt rendu moins pénible qu’ailleurs. Mais tout le monde ne vit pas en maison individuelle avec jardin, et beaucoup de difficultés matérielles et morales se sont manifestées. A la difficulté de la promiscuité se sont ajoutées non seulement la longueur de l’exercice, mais aussi des sensations d’injustice devant les abus (heureusement marginaux) de quelques-uns, et devant les deux vagues d’arrivées de résidents secondaires qui ont été ressenties : l’une légale juste avant la mise en œuvre du confinement, l’autre un peu moins au début des vacances scolaires. Dans ce contexte, il était très important d’opérer le plus de contrôles possibles, et notre police municipale, en bonne intelligence avec celle de Montauroux, les a multipliés chaque jour. Cela a par exemple permis, la semaine du 30 mars, le contrôle de 130 véhicules et de 25 piétons ou joggers ; la semaine d’après, 327 véhicules et 42 piétons, puis 400 véhicules le dimanche de Pâques et 260 le lendemain. A ce jour, 1500 contrôles auront été effectués, amenant 13 verbalisations. Certes, le maillage du filet n’était sans doute pas parfait, mais cette activité visible, qui s’ajoute à celle de la brigade de gendarmerie, aura certainement contribué à ce que chacun reste raisonnable. 

Covid-19 : le casse-tête du retour à l’école

Deux catastrophes nous menacent. L’une est sanitaire, l’autre est économique et sociale. Le moyen de lutter contre la première (le confinement prolongé) amène la seconde. Inversement, le retour à la vie d’avant raviverait le risque de catastrophe sanitaire. Tout responsable public est donc placé devant deux impératifs contradictoires. La question de la réouverture des écoles est un beau cas de conscience dans ce genre, car elle s’accompagne, pour des raisons sanitaires (mais aussi un peu de protection juridique) d’un protocole draconien et extrêmement difficile à mettre en pratique, voire carrément impossible en maternelle, où c’est le sens même de cette scolarisation (le jeu, le rapport à l’autre) qui est nié, pour la bonne cause, par le protocole. 

Il y a deux options. La plus simple est de dire qu’au nom de la sécurité sanitaire on ne rouvre pas, et que tout cela peut bien attendre Septembre (où rien peut-être n’aura changé). L’inconvénient est que les communes qui prennent ce parti sont quand même bien obligées de mettre en place des garderies, sous peine de clouer chez eux des parents qui ont besoin de travailler, et dont l’économie française a besoin qu’ils travaillent. Alors qu’il y a d’autres arguments en faveur de la ré-ouverture : le besoin des enfants d’être placés en situation d’apprentissage et de socialisation, le besoin d’air de familles pressurées par des semaines de cohabitation permanente parfois difficile, et naturellement la capacité des parents de travailler. Et un dernier argument, non-dit mais bien présent : si en Septembre rien n’a changé (pas de vaccin ou de traitement), alors il faudra bien s’être rôdé à un mode de fonctionnement qui risque d’être le même. Ce sont ces arguments qui ont prévalu pour ce qui est de la commune de Callian. 

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Municipales : à quand les seconds tours ?

Inédite à bien des égards, notre situation l’est aussi sur le plan institutionnel. En effet les conseils municipaux élus lors du premier tour du 15 mars ne sont pas encore « installés » : ils le seront aux dernières nouvelles entre le 2 et le 6 juin. Dans les communes où un second tour, qui n’a pas pu avoir lieu, est nécessaire, il y a deux hypothèses. La première hypothèse est celle d’un second tour le 21 juin, à partir des résultats du premier tour du 15 mars. La seconde hypothèse est celle d’un second tour fin Septembre ou début Octobre, mais qui devrait alors s’accompagner d’une remise à zéro avec un nouveau premier tour, et donc potentiellement de nouvelles listes et de nouveaux candidats ou des candidats en moins. La notion décisive est ici celle du pivot électoral : on considère dans ce cas que le laps de temps entre les deux tours défait l’unité du scrutin et qu’il faut tout refaire. Rien n’a donc vraiment changé depuis ma lettre du mois dernier, si ce n’est qu’il est possible que cette question soit tranchée avant le 23 mai, délai invoqué jusqu’ici. 

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Municipales en pays de Fayence, mode d’emploi de la suite

Dans tous les souvenirs l’élection municipale de cette année restera indissociablement liée à l’épidémie de COVID-19, et on débattra encore longtemps de la question de savoir s’il fallait tenir ou non ce fameux premier tour qui, marqué du coup par une forte abstention, se sera tenu juste avant que le confinement du pays ne soit décidé. Ce confinement a rendu impossible l’installation des conseils municipaux élus dès le premier tour, et la tenue des seconds tours dans les communes où il était nécessaire. Cet article est destiné à faire le point de ces deux types de situations. 

Dans les communes où le premier tour a désigné un conseil municipal complet, c‘est-à-dire tout de même dans 30 143 communes françaises, (dont Callian, Mons, Montauroux, Saint-Paul, Seillans et Tourrettes en pays de Fayence), les nouveaux élus ne sont pas installés et ne pourront l’être que quand la situation sanitaire le permettra, à une date fixée par un décret à venir et qui est envisagée juste avant l’été. En conséquence, ce sont les élus issus des élections de 2014 qui sont prolongés dans leurs responsabilités. Jusqu’à leur entrée en fonction, les nouveaux élus n’exercent théoriquement aucune des prérogatives de leur mandat. En pratique et pour notre territoire, ils sont d’autant plus facilement associés aux décisions que dans les trois communes déjà complétement « renouvelées », la continuité rend cette association naturelle.

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Le coronavirus en pays de Fayence

En pays de Fayence, c’est le groupement des personnels de santé (GAPS) qui coordonne l’aspect médical de la lutte. Ce groupement a fait, comme c’est le cas au niveau national avec les chiffres de la fin de journée, le choix de communiquer avec transparence, et j’espère que cela se poursuivra. Le culte du secret, qui conduit ou bien à croire que personne n’est malade et qu’il n’y a plus de raison de prendre de précautions, ou bien au contraire à imaginer que les autorités « cachent » un grand nombre de décès, est le piège parfait de ce type de périodes. 

Dans le dernier communiqué, daté du 28 mars, il était fait état d’une augmentation du nombre de patients présentant les symptômes du COVID-19 ainsi qu’une augmentation de la sévérité de ces symptômes : 180 nouveaux cas ont été comptabilisés, répartis comme suit : 173 cas légers, 2 cas sévères, 5 cas critiques hospitalisés. Au 2 avril, une cinquantaine de cas venaient s’y ajouter. Un décès est intervenu à l’EHPAD de Tourrettes sans qu’il ait été possible de formaliser le lien avec le COVID-19.

Deux autres initiatives ont été prises : la mise en place de deux centres de consultation dédiés, un à la salle de la Fontaine à Montauroux et l’autre au gymnase de Fayence. Ces deux centres sont mis en place à titre préventif, prêts à être ouverts, sur décision de l’Agence Régionale de Santé, en cas de besoin : souhaitons qu’ils n’aient jamais à ouvrir ! L’autre est la cellule de soutien psychologique, dite cellule d’écoute. Cette plateforme est accessible par un numéro unique : 04 65 03 06 63. On ne peut que remercier les bénévoles nombreux grâce auxquels cette cellule fonctionne en ces temps anxiogènes. 

Chloroquine, la polémique symbole

La polémique en cours sur la pertinence de l’usage thérapeutique de la chloroquine contre le virus COVID-19 est bien révélatrice des maux de notre temps. Elle cristallise notamment ce fléau du moment que sont les tentations complotistes, déjà très présentes dans la phraséologie du mouvement des Gilets Jaunes. Ainsi certains des supporters de la chloroquine n’hésitent-ils pas à voir dans la réticence de nos gouvernants à en généraliser l’usage le résultat d’un complot des lobbys pharmaceutiques, avec si possible l’implication de conjoints de ministres. Passons sur cet aspect des choses, et aussi sur la démarche assez démagogique qui conduit certains leaders régionaux à instrumentaliser la personne du « druide » marseillais Raoult pour surfer sur l’anti-parisianisme et redorer leurs blasons en vue des élections régionales : je précise tout de même que je ne demande pas mieux qu’il ait raison ! 

Quand une décision politique porte sur un problème dont les données sont scientifiques, la raison veut que les décideurs s’en remettent à la communauté scientifique, parce que cette dernière est censée être capable de substituer les faits (qui sont univoques) aux opinions (qui sont diverses). Or en l’espèce les savants ne sont pas d’accord entre eux, et la question devient alors : qui croire ? Réfréner l’usage de la chloroquine en raison de l’insuffisance des protocoles de test, ou la prescrire massivement quitte à ce qu’il y ait des victimes par effets secondaires ? Si la maison brûle, se saisir du premier liquide qui nous tombe sous la main, même si c’est de l’alcool ? Comme notre monde, la médecine est complexe et s’adapte en permanence, au point qu’il est de plus en plus complexe de s’en remettre à la parole scientifique, en voie d’être aussi démonétisée que les autres discours institutionnels : chacun va voir (encore plus) de vilains lobbys partout. 

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L’épreuve morale du confinement et le terreau de l’indiscipline

En vigueur depuis deux semaines, le confinement va certainement se poursuivre encore pour plusieurs autres. C’est une épreuve économique et morale redoutable, que nous percevons peut-être moins en pays de Fayence, où l’habitat est dispersé, ce qui peut nous faire oublier qu’il y a aussi des familles nombreuses confinées les unes sur les autres dans de petits espaces, et que parfois des tensions conjugales ou familiales insupportables en résultent. Cette difficulté est renforcée par l’incertitude ambiante qui est générale : c’est une chose d’attendre en pouvant se projeter sur un terme, que d’attendre sans savoir combien de temps on attendra. En même temps, et comme nous ne sommes pas en Chine, la manière dont le pouvoir gère la crise correspond à une société où des contre-pouvoirs existent et doivent être ménagés, ce qui se traduit par une gradation très progressive des mesures de confinement, en consultation des uns et des autres (scientifiques, représentation nationale, etc..).

Même dans des territoires plutôt calmes comme le nôtre, on constate une réticence de fond à obéir à des injonctions venues d’en haut. Cela ne fait qu’amplifier ce qui se creuse depuis quinze ou vingt ans, à savoir la dé-légitimation de la parole publique. Ce phénomène qui trouve un catalyseur, pour ne pas dire un terreau, dans les réseaux sociaux où tout avis personnel est supposé représenter une expertise. Le paradoxe le plus intéressant dans tout cela est que les contestataires les plus virulents sont aussi ceux qui sont le mieux disposés à l’idée d’un régime autoritaire. On le voyait très bien avec les Gilets Jaunes, mouvement qui portait une revendication forte d’horizontalité, mais qui en même temps, en se cristallisant sur le Président, l’érigeait en monarque républicain et vertical. La même chose se produit aujourd’hui avec la demande d’un Etat protecteur, régulateur, voire protectionniste. C’est la double pulsion française : la promotion très forte de la liberté individuelle, et en même temps le recours à une structure protectrice ou à un leader providentiel. 

Le monde d’après ?

La crise que nous traversons est historique, elle aura peut-être été à notre époque ce que le tremblement de terre de Lisbonne avait été au siècle des Lumières, c’est-à-dire un point d’inflexion de la culture et de la civilisation. Comment imaginer le monde d’après ? Il y a sans doute deux familles de réponses à cette question. La première consiste à se référer à ce qui s’est passé après les pires moments de notre histoire : après la première guerre mondiale, les années folles, après la seconde guerre mondiale ; les trente glorieuses. Après la grande récession, un pic de croissance. C’est l’idée que le besoin de vivre, d’aimer, de consommer, sera une frénésie libératrice. Mais cela ne peut se faire sans que quelques leçons soient tirées de ce qui se passe aujourd’hui, ne serait-ce que dans ce constat simple : nous ne pouvons faire fabriquer médicaments et masques qu’en Inde ou en Chine. C’est le point de départ d’une seconde famille de réponses. 

Les épidémies ont toujours, dans l’histoire, provoqué des réflexions collectives de fond, et ce sera à l’évidence le cas de celle-ci, qui interroge évidemment le point de développement du libéralisme et de sa financiarisation. Cette crise ne sera pas une simple parenthèse à refermer, elle nous met en alerte sur l’état du monde. Le passage d’un monde hyper-mobile à un blocage total fonctionne comme une sidération, qui remet brutalement en lumière le besoin de services publics, et qui remet en question l’interdépendance planétaire. Modes de consommation, de production, changement climatique : la mondialisation est à un tournant. Seule une crise de la nature de celle que nous traversons peut mobiliser les Etats au point de réguler un peu les chaînes de production internationale. Et c’est un libéral qui le dit…

L’intercommunalité, la grande absente des débats publics

Ce changement que j’appelle de mes vœux repose sur une condition : c’est que l’avenir de la communauté devienne une question de projet au lieu de rester une question de personnes, et que l’élection communautaire soit un débat d’idées et de visions et non une intrigue de conclave. Cela parait évident à l’heure où le législateur a voulu donner au fait communautaire une importance telle que l’intercommunalité influe peut-être déjà plus sur le quotidien de chacun que ne le fait sa commune de résidence. 

Dans ces conditions, on s’attendrait à ce que chacun des candidats à l’élection municipale présente et détaille sa vision de l’intercommunalité. La perplexité est alors vive quand on lit parfois des prospectus entiers sans même que la question ne soit abordée, ou bien alors seulement sur le mode du « wait and see » : on verra bien qui sera là pour en discuter, et ce sera reparti pour l’habituelle intrigue de personnes. 

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Intercommunalité : après eux, le déluge !

Le coup de force de la gouvernance communautaire de la mi-juillet dernier en était le premier symptôme : il y a au Mas de Tassy des esprits si certains de détenir la vérité et en même temps si peu sûrs de leur capacité à capter les suffrages de leurs concitoyens (paradoxe qui devrait les intriguer), que rien n’est plus urgent pour eux que de graver dans le marbre le plus de dispositions possibles avant les échéances des 15 et 22 mars. Compte tenu du nombre de maires ne se représentant pas, et des risques qui pèsent sur certains de ceux qui se représentent, c’est là un défi à la prudence, au bon sens, et à l’élégance démocratique la plus élémentaire. 

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