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Mois : novembre 2020

La dimension spirituelle du reconfinement : un peu de philosophie pour une fois

Malgré mes antécédents d’enseignant, il n’est pas dans mes habitudes de consacrer cette lettre à des analyses philosophiques. J’y fais exception en citant ici une page remarquable d’un essai de Slavoj Zizek, qui applique à la crise que nous traversons la grille de lecture des cinq étapes du traumatisme : le déni, la colère, la négociation, la dépression, et l’acceptation. 

« Prenons la menace d’une catastrophe écologique : dans un premier temps, nous avons tendance à la nier (« ce n’est que de la paranoïa ; ce qui est en train de se passer, ce sont les habituelles oscillations du système climatique ») ; puis vient la colère (dirigée contre les conglomérats, qui polluent notre environnement, contre le gouvernement, qui ignorent les dangers) ; à laquelle succède la négociation (« si nous diminuons nos émissions de gaz à effet de serre, si nous recyclons nos déchets, nous pouvons ajourner la catastrophe ; et le changement climatique a de bons côtés : nous allons pouvoir cultiver des légumes au Groenland ; les navires de commerces pourront désormais passer par le pôle Nord sans difficulté et acheminer beaucoup plus vite qu’autre fois des marchandises de Chine via les États-Unis ; de nouvelles terres fertiles seront très bientôt cultivable en Sibérie grâce à la fonte du permafrost ») ; ensuite c’est la dépression (« il est trop tard ; nous sommes foutus ») ; enfin, l’acceptation (« nous avons affaire à une menace sérieuse, et nous devrons changer radicalement de mode de vie ! ») ». 

J’espère que ces quelques lignes vous auront donné envie de lire ce livre. De préférence en ne l’achetant pas en ligne…

Loi ALUR et chemins communaux

Le développement démographique imprévu lié à la loi Alur a beaucoup de conséquences dans beaucoup de domaines. Il a notamment considérablement densifié la circulation sur nos chemins communaux souvent étroits et sinueux. Comme nombreux sont ceux qui y roulent à l’ancienne, c’est à dire sans crainte particulière de croiser qui que soit, et donc à toute allure, cela pose à présent des problèmes de sécurité. C’est le cas pour les automobilistes bien sûr ;  mais aussi pour les piétons, les cyclistes, les enfants jouant sur un terrain non clôturé, les animaux errants… Du coup, nous sommes assaillis de demandes d’installation de ralentisseurs ou de coussins berlinois.  

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La ruralité vue sous l’angle de la question du lycée

Je me suis rendu le 17 octobre dernier à l’assemblée générale des maires ruraux du Var (AMRV), à Néoules. C’était peut-être pour la dernière fois, car les statuts de l’AMRV définissent les communes rurales par un seuil de population inférieur à 3500 habitants. Or, il est clair qu’avec la loi ALUR, la population de la commune de Callian a dépassé ce seuil, ce que le recensement prévu en janvier prochain ne manquera pas de confirmer. Il y a fort heureusement des dérogations dont l’existence même montre que la ruralité ne saurait simplement être définie par une quantité. Il existe en France des communes de 2000 habitants qui sont parfaitement urbaines au sens où elles sont prises dans une continuité d’habitation. A l’inverse, des habitants nombreux mais dispersé sur un territoire dont la couverture paysagère est très forte et où plus de 90 % des terres ne sont pas constructibles, ce territoire-là peut bien être défini comme un territoire rural : c’est le cas du pays de Fayence. 

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Transfert de la compétence eau et assainissement : des précisions jurisprudentielles

On se souvient (voir ma lettre n°88 datée de janvier 2020) que le transfert à l’intercommunalité de la compétence Eau et Assainissement avait provoqué en toute fin d’année dernière le recours intenté par les trois communes de Callian, Tanneron et Tourrettes contre l’arrêté préfectoral validant les nouveaux statuts de la communauté de communes du pays de Fayence. Elles protestaient ainsi contre une situation qui n’a eu à ma connaissance que deux occurrences en France : seules deux intercommunalités en France ont osé passer outre une minorité qualifiée, prenant le risque de fracturer au passage leur territoire sur le plan politique. 

Au-delà de désaccord local, ce recours posait une vraie question de fond, celle de la résolution d’un conflit de normes, dans la mesure où deux normes s’opposaient. La première norme est la loi du 3/8/18 (dite Ferrand-Fesneau) permettant de repousser le transfert de la compétence obligatoire « Eau et Assainissement » sous la condition de constituer une minorité de blocage que les trois communes en question avaient effectivement bien constituée à temps et dans les règles. 

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La dimension économique du reconfinement

Voici venue la seconde vague de COVID-19 dont beaucoup disaient qu’elle ne viendrait jamais ou qu’on en viendrait à bout avec de la quinine. Pour le coup, cette seconde vague se caractérise en pays de Fayence par une contagion exponentielle, même si pour le moment le nombre de cas graves semble rester mineur. Pour éviter que les services de réanimation des hôpitaux ne soient débordés pendant ce mois de novembre, l’exécutif a assez logiquement décidé un reconfinement dont on voit bien de toutes façons qu’il s’impose à l’ensemble de nos voisins à des degrés divers. 

La sensibilité de notre pays au premier confinement était essentiellement sanitaire. Cette fois, à l’occasion du second confinement, ce sont les questions économiques qui semblent occuper le devant de la scène. Déjà ébranlés par les conséquences du premier confinement, les commerces de proximité sont nombreux à voir arriver cette période comme celle de leur fin programmée. La crispation se cristallise autour de la notion de « première nécessité ». Il n’est d’ailleurs pas si facile de définir ce qu’est cette « première nécessité ». Dans un pays où la massification des diplômes offerts et le complotisme des réseaux sociaux ont fait tant de dégâts, peut-on vraiment soutenir qu’un livre n’est pas un objet nécessaire ? 

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