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Mois : avril 2020

Municipales en pays de Fayence, mode d’emploi de la suite

Dans tous les souvenirs l’élection municipale de cette année restera indissociablement liée à l’épidémie de COVID-19, et on débattra encore longtemps de la question de savoir s’il fallait tenir ou non ce fameux premier tour qui, marqué du coup par une forte abstention, se sera tenu juste avant que le confinement du pays ne soit décidé. Ce confinement a rendu impossible l’installation des conseils municipaux élus dès le premier tour, et la tenue des seconds tours dans les communes où il était nécessaire. Cet article est destiné à faire le point de ces deux types de situations. 

Dans les communes où le premier tour a désigné un conseil municipal complet, c‘est-à-dire tout de même dans 30 143 communes françaises, (dont Callian, Mons, Montauroux, Saint-Paul, Seillans et Tourrettes en pays de Fayence), les nouveaux élus ne sont pas installés et ne pourront l’être que quand la situation sanitaire le permettra, à une date fixée par un décret à venir et qui est envisagée juste avant l’été. En conséquence, ce sont les élus issus des élections de 2014 qui sont prolongés dans leurs responsabilités. Jusqu’à leur entrée en fonction, les nouveaux élus n’exercent théoriquement aucune des prérogatives de leur mandat. En pratique et pour notre territoire, ils sont d’autant plus facilement associés aux décisions que dans les trois communes déjà complétement « renouvelées », la continuité rend cette association naturelle.

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Le coronavirus en pays de Fayence

En pays de Fayence, c’est le groupement des personnels de santé (GAPS) qui coordonne l’aspect médical de la lutte. Ce groupement a fait, comme c’est le cas au niveau national avec les chiffres de la fin de journée, le choix de communiquer avec transparence, et j’espère que cela se poursuivra. Le culte du secret, qui conduit ou bien à croire que personne n’est malade et qu’il n’y a plus de raison de prendre de précautions, ou bien au contraire à imaginer que les autorités « cachent » un grand nombre de décès, est le piège parfait de ce type de périodes. 

Dans le dernier communiqué, daté du 28 mars, il était fait état d’une augmentation du nombre de patients présentant les symptômes du COVID-19 ainsi qu’une augmentation de la sévérité de ces symptômes : 180 nouveaux cas ont été comptabilisés, répartis comme suit : 173 cas légers, 2 cas sévères, 5 cas critiques hospitalisés. Au 2 avril, une cinquantaine de cas venaient s’y ajouter. Un décès est intervenu à l’EHPAD de Tourrettes sans qu’il ait été possible de formaliser le lien avec le COVID-19.

Deux autres initiatives ont été prises : la mise en place de deux centres de consultation dédiés, un à la salle de la Fontaine à Montauroux et l’autre au gymnase de Fayence. Ces deux centres sont mis en place à titre préventif, prêts à être ouverts, sur décision de l’Agence Régionale de Santé, en cas de besoin : souhaitons qu’ils n’aient jamais à ouvrir ! L’autre est la cellule de soutien psychologique, dite cellule d’écoute. Cette plateforme est accessible par un numéro unique : 04 65 03 06 63. On ne peut que remercier les bénévoles nombreux grâce auxquels cette cellule fonctionne en ces temps anxiogènes. 

Chloroquine, la polémique symbole

La polémique en cours sur la pertinence de l’usage thérapeutique de la chloroquine contre le virus COVID-19 est bien révélatrice des maux de notre temps. Elle cristallise notamment ce fléau du moment que sont les tentations complotistes, déjà très présentes dans la phraséologie du mouvement des Gilets Jaunes. Ainsi certains des supporters de la chloroquine n’hésitent-ils pas à voir dans la réticence de nos gouvernants à en généraliser l’usage le résultat d’un complot des lobbys pharmaceutiques, avec si possible l’implication de conjoints de ministres. Passons sur cet aspect des choses, et aussi sur la démarche assez démagogique qui conduit certains leaders régionaux à instrumentaliser la personne du « druide » marseillais Raoult pour surfer sur l’anti-parisianisme et redorer leurs blasons en vue des élections régionales : je précise tout de même que je ne demande pas mieux qu’il ait raison ! 

Quand une décision politique porte sur un problème dont les données sont scientifiques, la raison veut que les décideurs s’en remettent à la communauté scientifique, parce que cette dernière est censée être capable de substituer les faits (qui sont univoques) aux opinions (qui sont diverses). Or en l’espèce les savants ne sont pas d’accord entre eux, et la question devient alors : qui croire ? Réfréner l’usage de la chloroquine en raison de l’insuffisance des protocoles de test, ou la prescrire massivement quitte à ce qu’il y ait des victimes par effets secondaires ? Si la maison brûle, se saisir du premier liquide qui nous tombe sous la main, même si c’est de l’alcool ? Comme notre monde, la médecine est complexe et s’adapte en permanence, au point qu’il est de plus en plus complexe de s’en remettre à la parole scientifique, en voie d’être aussi démonétisée que les autres discours institutionnels : chacun va voir (encore plus) de vilains lobbys partout. 

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L’épreuve morale du confinement et le terreau de l’indiscipline

En vigueur depuis deux semaines, le confinement va certainement se poursuivre encore pour plusieurs autres. C’est une épreuve économique et morale redoutable, que nous percevons peut-être moins en pays de Fayence, où l’habitat est dispersé, ce qui peut nous faire oublier qu’il y a aussi des familles nombreuses confinées les unes sur les autres dans de petits espaces, et que parfois des tensions conjugales ou familiales insupportables en résultent. Cette difficulté est renforcée par l’incertitude ambiante qui est générale : c’est une chose d’attendre en pouvant se projeter sur un terme, que d’attendre sans savoir combien de temps on attendra. En même temps, et comme nous ne sommes pas en Chine, la manière dont le pouvoir gère la crise correspond à une société où des contre-pouvoirs existent et doivent être ménagés, ce qui se traduit par une gradation très progressive des mesures de confinement, en consultation des uns et des autres (scientifiques, représentation nationale, etc..).

Même dans des territoires plutôt calmes comme le nôtre, on constate une réticence de fond à obéir à des injonctions venues d’en haut. Cela ne fait qu’amplifier ce qui se creuse depuis quinze ou vingt ans, à savoir la dé-légitimation de la parole publique. Ce phénomène qui trouve un catalyseur, pour ne pas dire un terreau, dans les réseaux sociaux où tout avis personnel est supposé représenter une expertise. Le paradoxe le plus intéressant dans tout cela est que les contestataires les plus virulents sont aussi ceux qui sont le mieux disposés à l’idée d’un régime autoritaire. On le voyait très bien avec les Gilets Jaunes, mouvement qui portait une revendication forte d’horizontalité, mais qui en même temps, en se cristallisant sur le Président, l’érigeait en monarque républicain et vertical. La même chose se produit aujourd’hui avec la demande d’un Etat protecteur, régulateur, voire protectionniste. C’est la double pulsion française : la promotion très forte de la liberté individuelle, et en même temps le recours à une structure protectrice ou à un leader providentiel. 

Le monde d’après ?

La crise que nous traversons est historique, elle aura peut-être été à notre époque ce que le tremblement de terre de Lisbonne avait été au siècle des Lumières, c’est-à-dire un point d’inflexion de la culture et de la civilisation. Comment imaginer le monde d’après ? Il y a sans doute deux familles de réponses à cette question. La première consiste à se référer à ce qui s’est passé après les pires moments de notre histoire : après la première guerre mondiale, les années folles, après la seconde guerre mondiale ; les trente glorieuses. Après la grande récession, un pic de croissance. C’est l’idée que le besoin de vivre, d’aimer, de consommer, sera une frénésie libératrice. Mais cela ne peut se faire sans que quelques leçons soient tirées de ce qui se passe aujourd’hui, ne serait-ce que dans ce constat simple : nous ne pouvons faire fabriquer médicaments et masques qu’en Inde ou en Chine. C’est le point de départ d’une seconde famille de réponses. 

Les épidémies ont toujours, dans l’histoire, provoqué des réflexions collectives de fond, et ce sera à l’évidence le cas de celle-ci, qui interroge évidemment le point de développement du libéralisme et de sa financiarisation. Cette crise ne sera pas une simple parenthèse à refermer, elle nous met en alerte sur l’état du monde. Le passage d’un monde hyper-mobile à un blocage total fonctionne comme une sidération, qui remet brutalement en lumière le besoin de services publics, et qui remet en question l’interdépendance planétaire. Modes de consommation, de production, changement climatique : la mondialisation est à un tournant. Seule une crise de la nature de celle que nous traversons peut mobiliser les Etats au point de réguler un peu les chaînes de production internationale. Et c’est un libéral qui le dit…