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Mois : mai 2023

Eau en pays de Fayence : comment en sommes-nous arrivés là ?

Chaque matin, nous sommes nombreux, comme dans un rituel collectif, à consulter les prévisions météorologiques, et à constater en général que décidément, aucune pluie ne se présente à l’horizon, ou si peu. L’année 2023 se caractérise jusqu’ici par une pluviométrie très faible, et elle vient se surajouter à une année 2022 elle-même très déficitaire. Au moment d’aborder le printemps, nous avons aux sources de la Siagnole un débit de fin d’été. Après deux années aussi sèches, et devant tout ce qui se passe, en même temps que chez nous, en Ardèche, au pays Basque, dans l’Hérault et même en Haute-Savoie, le fait est qu’aujourd’hui un constat s’impose, qui laisse peu de place au doute. Depuis un an maintenant, les faibles pluies qui se produisent font réagir notre ressource principale que sont les sources de la Siagnole, mais en revanche les nappes par lesquelles sont alimentés les forages de Tassy et de la Barrière, notre ressource d’appoint, ne remontent plus et rendent ces forages inexploitables. 

Oui, cela ressemble de moins en moins à un épisode conjoncturel et de plus en plus à une tendance structurelle. Pour ce qui est des forages, ce ne sont pas les éventuelles pluies des printemps qui y changeront quelque chose dans les mois à venir, puisqu’à compter du mois de mars, c’est la végétation qui capte l’eau dans le sol avant qu’elle n’arrive aux nappes. Il nous reste l’espoir que ces pluies réalimentent suffisamment la rivière pour retarder au maximum l’arrivée des restrictions de consommation puis des coupures. Cette situation est sans précédent, non seulement à l’échelle de notre territoire mais aussi à une échelle bien plus large, qui nous vaut aujourd’hui l’attention de médias nationaux, parce que ces media voient bien que ce qui se joue chez nous peut se produire demain ou après-demain dans beaucoup d’autres territoires. 

Il est important d’essayer de comprendre comment notre territoire a pu en arriver à cette situation. Le dérèglement climatique, on vient de le voir, a sa part. Mais d’autres causes rentrent aussi en ligne de compte. L’urbanisation frénétique induite, contre la volonté des élus locaux, par la loi ALUR, nous aura jetés à la rencontre de ce dérèglement avec dix ou vingt ans d’avance, et c’est aujourd’hui ce temps qui nous manque pour faire face au problème. 

Au passage, il est singulier de constater que c’est une loi portée par la ministre écologique Duflot qui fait aujourd’hui exploser notre territoire et nous confronte à un problème écologique radical. Les méfaits de cette idéologie politique et de l’aveuglement qui en résulte sont si persistants que je me suis récemment fait tancer, en direct sur BFM TV, par le numéro un des Verts Julien Bayou au motif qu’il faudrait construire, même sans eau, plus de logements sociaux. Or personne ne peut demander à notre territoire, même au nom de bonnes intentions, de doubler sa population tous les vingt ans. Le bout des services publics était en vue et, s’il ne s’était pas agi de la ressource en eau, on aurait aussi pu invoquer, entre autres, l’accueil scolaire, la voirie, les capacités électriques, tous plus ou moins proches de la saturation. 

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Eau en pays de Fayence suite : que faire ?

Face à une crise que pour le moment chaque jour ravive, jusqu’à l’hypothétique pluie qui nous soulagerait mais ne réglerait pas le problème de fond, il faut distinguer les réactions immédiates et les postures de moyen terme

Dans l’immédiat, c’est la lecture quotidienne des courbes du débit de la Siagnole qui nous tient lieu de guide. A l’heure où ces lignes sont écrites, notre territoire vient d’être placé par arrêté préfectoral dans un régime d’alerte, deuxième niveau sur quatre avant l’alerte renforcée puis la crise. A ce stade, les activités d’arrosage, de remplissage des piscines, ou encore de lavage des voitures, activité dont on peut d’ailleurs s’étonner qu’elle se soit poursuivie tout l’été même sur des sites non équipés pour le recyclage de l’eau, sont règlementées. Les restrictions quantitatives individuelles (de type à 150 à 100 litres par personne et par jour) ne sont pas encore de retour, mais il est très probable qu’elles ne tarderont pas à revenir. On peut même en l’état actuel des choses se montrer franchement pessimiste sur notre capacité à éviter les coupures qui nous avaient menacés tout l’été dernier. C’est parce que nous en sommes là qu’une campagne de sensibilisation vient par exemple d’être lancée auprès des loueurs connus de nos services afin que les futurs locataires de l’été soient pleinement informés des risques de restrictions et de pénurie. 

Il repleuvra un jour et ces mesures d’urgence ne sont pas éternelles, à condition toutefois qu’en parallèle de l’immédiat nous réfléchissions aussi au long terme avec deux exigences, développer l’offre et limiter la demande. 

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Climat social : quelques constats

Notre pays est traversé par la grande crise sociale induite par la réforme des retraites, dont l’écho même assourdi se fait entendre jusque dans notre pays de Fayence. S’il n’est pas question pour moi d’infliger à mes lecteurs sur ce sujet une prise de position que personne ne me demande, je pense en revanche utile de partager ici deux éléments d’analyse tirés de mes échanges avec nos concitoyens.

Le premier nous rattache à une question que je crois tout à fait centrale, y compris sur notre territoire : c’est celle du déclassement

Je suis sensible depuis longtemps à ce ressenti que je constate chez beaucoup de nos concitoyens, qui expriment par des postures radicales une insatisfaction que leurs conditions de vie ne laissent pas toujours deviner. Il peut s’agir par exemple de ceux qui n’ont pas forcément choisi de vivre chez nous, et qui se ressentent parfois comme des citoyens de seconde zone notamment en raison de la distance de certains services publics. Il peut s’agir de ceux qui sont sensibles à la théorie du grand remplacement. Il peut s’agir aussi, plus près de nous, de ceux qui viennent chez nous réaliser leur rêve d’accession à la propriété et d’exode urbain, pour ensuite s’entendre reprocher par un pouvoir central condescendant de consommer de l’espace et du gazole, de manger de la viande au barbecue, bref d’être à contre-courant. Dans un contexte aussi sensible, il est évident que tout ce qui peut être vécu comme la perte d’un droit attise ce sentiment de déclassement dont je pense qu’il est à l’origine du mouvement des gilets jaunes, sentiment que je perçois comme une hantise chez beaucoup de mes interlocuteurs. Souvenons-nous sur ce registre de la limitation de la vitesse à 80 km/h, qui a donné naissance à ce mouvement, avec bien des analogies par rapport au mouvement actuel.

Pour qu’il en soit ainsi, et c’est un second constat, il faut que le sens de certains mots soit en train de changer, et il semble que ce soit le cas du mot « travail ».

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Projet Fontsante : deux communiqués 

J’avais publié ici le 8 mars dernier un communiqué, que je reproduis ici, sur le dossier Fontsante : 

« J’ai pris acte ce mardi 7 mars de ce que la Région Sud, porteuse de la compétence en matière de déchets, avait finalement décidé de ne plus soutenir le projet Valorpole à Fontsante. Je constate que, d’une version à l’autre de ce projet, non seulement le groupe Suez n’a pas réussi à susciter ou à conserver l’adhésion des collectivités concernées, mais qu’en plus l’unanimité de ces collectivités s’y oppose aujourd’hui. 

Je comprends donc que mes concitoyens puissent se demander dans ces conditions pourquoi notre commune conserverait avec ce groupe le lien d’une promesse de bail, question qui pouvait d’ailleurs déjà se poser lors du passage de la première version du projet à la seconde. Notre commune ne peut éternellement rester associée à l’image d’un projet où plus personne ne semble voir l’incarnation de l’intérêt général qui en était pourtant le moteur initial.  

Je comprends aussi que, dans un contexte marqué par les restrictions en eau et la pause urbanistique qui en découle, l’idée d’une telle installation émette un signal discordant. Je n’en demeure pas moins convaincu qu’un projet de cette nature, ici ou ailleurs, est absolument nécessaire. Je suis loin d’être le seul à le savoir, mais je suis las de ne me l’entendre confirmer que par des élus qui disent le contraire dès qu’un micro se présente. 

Il ne revenait pas de toute façon au maire de Callian que je suis, et qui n’est plus, comme je l’étais au moment du déclenchement du projet, vice-président d’une collectivité compétente en matière de déchets, de porter un tel sujet si c’était pour se retrouver seul. Le problème que nous cherchions à résoudre reste entier : il appartient dorénavant à ceux dont les fonctions les y prédisposent de trouver une meilleure solution.

Je soumettrai au conseil municipal de Callian, lors d’une de ses prochaines séances, la question de la continuité de la promesse de bail en question. »

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