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Elections 2021 : quand l’abstention s’installe

Privées d’à peu près toute campagne par les restrictions sanitaires et le désintérêt de nos concitoyens, les élections départementales et régionales du mois de juin dernier ont logiquement accouché d’une abstention record, sur laquelle il convient de s’interroger. Il y a bien sûr des facteurs conjoncturels, comme les effets de la pandémie. Il y aussi une perte complète de repères sur le rôle de chaque échelon dans le fonctionnement institutionnel de notre pays.

La loi NOTRe a voulu restreindre le rôle des collectivités territoriales que sont le Département et la Région en leur ôtant la clause de compétence générale. Le résultat est que nous sommes de moins en moins nombreux à savoir à quoi ces collectivités peuvent bien servir, et il ne faut donc pas s’étonner de la désaffection que ces scrutins ont subie. Dans ces conditions, la prime aux sortants les mieux identifiés n’a rien de surprenant et elle exprime un besoin de proximité et d’identification que le législateur doit entendre. 

Mais il est bien évident qu’il se joue dans cette abstention quelque chose de plus structurel. Cette abstention ne peut signifier qu’une seule chose, c’est que l’offre politique ne correspond plus aux attentes d’une part de plus en plus croissante de nos concitoyens. Pour une fois, ce mouvement touche même les partis populistes. Dans notre région, le RN n’a emporté ni la collectivité régionale que les sondages lui promettaient, ni non plus le canton de Roquebrune pourtant imperdable après le premier tour. 

Cela peut signifier par exemple que les abstentionnistes ne trouvent plus à se reconnaître dans les extrêmes, ce qui signifie qu’ils ne trouveront à se satisfaire qu’en allant encore plus loin dans l’expression d’émotion collective virale, dans la rue ou sur les réseaux sociaux, et par une confrontation toujours plus agressive et violente vis-à-vis des acteurs publics comme on l’a vu par exemple au début de l’été avec l’épisode des députés de la France insoumise bousculés devant l’Assemblée Nationale par leurs propres partisans, qui tout soudain ne les trouvaient plus assez radicaux, et qui les ont conspués d’une insulte suprême : « vaccinés » !