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20 ans au Département et la question de l’eau

Essentielle pour notre territoire, cette question a été au centre de mon engagement départemental. C’est vrai bien sûr en un premier sens au titre de la délégation à l’environnement que j’y ai exercée. Cette délégation m’a conduit à représenter le Département auprès des instances de la commission locale de l’eau (CLE) qui réglemente les usages de l’eau de la Siagne et de ses affluents. Comment arbitrer entre les usages de cette eau, la part que l’on consacre au prélèvement destiné à la consommation humaine, celle que l’on rend à la biodiversité sous la forme des débits réservés mais aussi des autres usages et enjeux, la prévention des inondations, les loisirs etc.. ?

C’est vrai dans un second sens puisque j’ai occupé pendant 20 ans la présidence de la SEM E2S, qui distribue dans tout l’est du Var cette eau, propriété départementale qu’est l’eau de la Siagnole. Consommée par plus de 100 000 varois, cette eau est une ressource essentielle pour notre territoire, puisqu’à l’exception de la commune de Tanneron, elle est notre seule ressource. Et même pour le Syndicat des Eaux du Var Est qui rachète à l’exutoire une eau à laquelle elle évite de se perdre, cette ressource est là aussi décisive en termes de sécurisation de l’approvisionnement.

Je me suis attaché depuis 20 ans à consolider cet édifice. Ce sont ainsi près de 20 M€ qui ont été investis dans le renouvellement du réseau et dans la recherche de ressources nouvelles. Trois forages ont ainsi été mis en œuvre, le premier au vol à voile à Fayence, pour l’instant inexploitable parce que pollué par des effluents de station d’épuration ; le forage de Tassy à Tourrettes et celui de la Barrière à Montauroux, qui ont été décisifs pour qu’un objectif fondamental soit tenu : jamais un seul jour la continuité du service de l’approvisionnement des réseaux communaux par la Siagnole n’a été défaillante. Les seules coupures d’eau que les usagers ont pu subir tiennent au fonctionnement des réseaux de distribution communaux et non à l’approvisionnement par E2S.

Après l’expiration de la délégation de service public qui liée le Département à E2S, l’exploitation de la ressource a été confiée à la Communauté de Communes du pays de Fayence dans le cadre de la construction de la société publique locale nous liant à nos voisins du Sud conformément à me engagements de 2015. Cet intérim a de quoi laisser un peu perplexe, ne serait-ce que pour des raisons de ressources humaines. Je ne peux que déplorer que la gouvernance communautaire juge bon d’escamoter tout ce travail, en traitant certains personnels issus de E2S comme des parias. Se priver ainsi de leur expérience, de leur connaissance intime du réseau, c’est s’exposer à bien des mésaventures, comme l’illustre le diaporama communautaire récemment présenté à l’association des usagers de l’eau, truffé d’erreurs qui ne rassurent personne

Par là-dessus, l’auteur dudit support affirme sa volonté de passer d’une gestion « technico-commerciale » à une gestion dite « durable ». On devine par là que la première expression, qui renvoie à la scélérate gestion précédente, est péjorative, et qu’on va cette fois donner dans l’air du temps, dans la moralisation anxiogène et punitive. Cela fera peut-être passer la pilule des augmentations qui nous attendent, déjà annoncées pour l’assainissement collectif, et inévitables pour l’eau avec un grandiose édifice à trois millions d’euros dont on se demande bien comment on a fait pour distribuer de l’eau avant lui et sans lui. Certes, il est bon de se vouloir vertueux. Mais la connaissance, la magnanimité et la modestie sont, elles aussi, des vertus.