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La ruralité, ou le point faible du maillage du radar institutionnel

Même si ce ne sont pas les articles les plus lus de cette lettre mensuelle, je reviens régulièrement sur cette notion de ruralité, qui nous concerne tant, et que nos radars institutionnels, si focalisés sur l’urbain, ont tant de mal à définir. Jusqu’ici en effet, la définition institutionnelle de la ruralité était une définition en creux : était rural ce qui ne pouvait être qualifié d’urbain. Mais comment faire la différence ? Le critère le plus souvent utilisé était purement quantitatif et démographique. Par exemple selon l’association des maires ruraux du Var, peuvent y adhérer les communes de moins de 2500 habitants (même si heureusement celles qui entre-temps dépassent ce seuil ont le droit de rester membres). D’autres instances fixent le critère plus bas ou plus haut, mais toujours sur un seuil qui est un nombre. 

On sait le problème que cette définition nous pose : elle exclut que la ruralité puisse être nombreuse, alors que chez nous elle l’est. Elle l’est si l’on s’en tient à l’origine du territoire, à ses paysages, à son mode d’habitat et de vie. Mais malgré ses 30 000 habitants d’aujourd’hui, cette ruralité reste apparemment trop rurale pour mériter un lycée qui serait d’après les services de l’Etat un lycée de confort.

Or, le dernier comité interministériel aux ruralités a acté une définition un peu moins raide de la ruralité à partir de la densité de la population. Les communes s’y trouvent classées en quatre catégories et les communes rurales sont celles des deux dernières catégories, les « peu denses » et les « très peu denses », ce qui leur donne d’un coup une importance potentielle nouvelle, puisque 87% du territoire national s’en trouve composé. Espérons que ce critère devienne un outil de progression et non de réduction des aides à ces communes. Espérons aussi (on peut toujours rêver) qu’il affranchisse certaines administrations de leurs préjugés sur les équipements et services publics que mérite ou non tel ou tel territoire. Et puisqu’il est question que des élections régionales se tiennent dans deux mois, n’oublions pas de poser aux candidats des questions sur ce qu’ils comptent faire pour le dossier de notre lycée qui dépend aussi et surtout des élus régionaux ! 

https://www.observatoire-des-territoires.gouv.fr/kiosque/2020-article-zonage-rural