Skip to main content

Le syndrome de la fuite en avant

Lancée dans une fuite en avant débridée, la communauté de communes du pays de Fayence s’entête absolument à intégrer le plus vite possible la compétence eau et assainissement, malgré les réserves exprimées par un nombre significatif d’élus, en écho à la position majoritaire officielle de l’Association des Maires de France. Je me suis déjà beaucoup exprimé sur les volets juridiques et politiques de ce dossier (voir les éditions n°83 et 84 de cette lettre), et la suite du feuilleton me donnera sans doute l’occasion d’y revenir. D’ailleurs ce volet politique revêt des aspects si puérils qu’il y aurait bien des raisons de l’ignorer, s’il n’y avait à tout cela un petit inconvénient, qui est le résultat économique de cette manie intégratrice. 

L’étude préalable à ce transfert avait déjà établi que la transmission de cette compétence ne pouvait aboutir, en raison du lissage des prix de l’eau qui diffère selon les communes, qu’à une augmentation de la facture d’eau de la plupart des usagers. Beaucoup veulent voir dans cette hausse une sorte de fatalité qui aurait même des vertus pédagogiques, en ce qu’elle inciterait le consommateur à faire toujours plus attention à cette ressource vulnérable. Mais alors même que sur le plan juridique rien n’est fixé, la Communauté croit devoir déployer le service dès à présent, et d’autres facteurs très concrets de cette hausse inéluctable finissent par apparaître dans leur sinistre vérité. 

Ainsi, la gouvernance communautaire envisage-t-elle d’investir d’ores et déjà un million d’euros ( !!) dans ce fonctionnement, par la mise en place de ce service dans un Algeco à louer trois ans pour un tarif annuel de 300 000 à 400 000 € selon les versions, alors même que les travaux qui vont commencer à la Maison de Pays (et qui ne dureront pas 3 ans) avaient été justifiés au départ… par l’installation de ce service en ce lieu. Et on n’a pas tout vu, avec à suivre : l’embauche d’un directeur, de son secrétariat, la constitution d’une flotte automobile, téléphonique etc.., comme si jusqu’ici les communes s’étaient montrées incapables de distribuer de l’eau sans toute cette armée mexicaine. 

Mais nous avons déjà passé le point où des surcoûts si invraisemblables, et qui naturellement ne pourront que retomber sur l’usager en bout de chaine, ne pèsent plus d’aucun poids, dans certains esprits face à l’envoûtement religieux que leur inspire cette mission sacrée : constituer en pays de Fayence une lourde techno-structure dont on ne sait plus de quoi elle est le moyen parce qu’elle est devenue une fin en soi. Dommage pour l’usager, invité d’avance à payer davantage et à se taire ! C’est la folie des grandeurs, mais sans Louis de Funès.