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La dimension économique du reconfinement

Voici venue la seconde vague de COVID-19 dont beaucoup disaient qu’elle ne viendrait jamais ou qu’on en viendrait à bout avec de la quinine. Pour le coup, cette seconde vague se caractérise en pays de Fayence par une contagion exponentielle, même si pour le moment le nombre de cas graves semble rester mineur. Pour éviter que les services de réanimation des hôpitaux ne soient débordés pendant ce mois de novembre, l’exécutif a assez logiquement décidé un reconfinement dont on voit bien de toutes façons qu’il s’impose à l’ensemble de nos voisins à des degrés divers. 

La sensibilité de notre pays au premier confinement était essentiellement sanitaire. Cette fois, à l’occasion du second confinement, ce sont les questions économiques qui semblent occuper le devant de la scène. Déjà ébranlés par les conséquences du premier confinement, les commerces de proximité sont nombreux à voir arriver cette période comme celle de leur fin programmée. La crispation se cristallise autour de la notion de « première nécessité ». Il n’est d’ailleurs pas si facile de définir ce qu’est cette « première nécessité ». Dans un pays où la massification des diplômes offerts et le complotisme des réseaux sociaux ont fait tant de dégâts, peut-on vraiment soutenir qu’un livre n’est pas un objet nécessaire ? 

Des petits commerçants voient avec dépit les grandes surfaces rester ouvertes et vendre les produits qu’ils n’ont plus le droit de vendre alors même qu’ils respectent le plus souvent scrupuleusement les protocoles sanitaires. Quand la réponse du pouvoir est de faire fermer aux grandes surfaces leurs rayons qui ne sont pas de « première nécessité », la sanction peut paraître pire encore, car alors c’est Amazon, qui nous bombarde de réclames pour son « Black Friday », qui va rafler la mise, et tous les acteurs locaux qui vont y perdre. Pour autant, un confinement où tout reste ouvert n’a aucun sens, et la crise sanitaire est bel et bien là. 

Parce que la responsabilité est le premier devoir d’un maire, je ne fais pas partie de ceux d’entre eux qui ont adopté un arrêté permettant à tous les commerces de rouvrir : il faut bien avouer que c’est le plus souvent une gesticulation démagogique. Je me suis en revanche associé à ceux (comme le président des maires du Var, voir ci-dessous), qui ont fait remonter ce vif ressenti à nos autorités nationales dans l’espoir que des arbitrages raisonnables puissent être trouvés. A tâtons, puisque cette crise, ici comme ailleurs, ne nous en laisse guère le choix. 

On l’avait dit au printemps, la seconde lame de la crise sanitaire allait être économique. C’est maintenant, une fois évacuée une saison estivale qui aura malgré tout tenu certains secteurs à flot, que les réalités se décantent. Ainsi, ce sont plus d’un million de français de plus qui sont passés, depuis le début de cette crise, sous le seuil de pauvreté. C’est un écran radar sur lequel le Département du Var où je siège est en prise directe : en septembre, le nombre de demandeurs de RSA avait augmenté de plus de 10% par rapport au mois précédent, avec une incidence immédiate de 8,3 millions d’euros sur le budget de la collectivité. Les chiffres d’octobre, qui ne sont pas définitifs à l’heure où ces lignes sont écrites, s’annoncent encore plus dégradés. Cette montée de la pauvreté concerne cette fois des strates de la population qui la découvrent et dont la détresse n’en est que plus brutale.

Souhaitons que des marges de manœuvre d’aides directes et décentralisées soient laissées aux collectivités locales. Ce ne sera pas un luxe pour amortir les effets d’un choc dont personne hélas ne peut dire pour l’instant combien de temps il durera.