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Faut-il faire la guerre au littoral ?

Le conseil communautaire du 12 avril dernier comportait dans son ordre du jour des projets de décision de rupture avec trois organismes dont le pays de Fayence était partie prenante jusqu’ici. Il s’agit, pour le tourisme, du syndicat mixte Esterel Côte d’Azur ; pour les déchets, du SMIDDEV (syndicat mixte du développement durable de l’est var pour le traitement et la valorisation des déchets) et enfin, dans le domaine de l’eau, du SEVE (syndicat des eaux du Var est). Prises isolément, chacune de ces décisions pouvait bien se justifier par tel ou tel facteur technique. Mais prises toutes ensemble le même soir, ces décisions ne peuvent sonner autrement que comme une déclaration de guerre picrocholine, à l’égard de nos partenaires du littoral. Et c’est d’ailleurs bien ainsi qu’elles ont été accueillies du côté d’Esterel Côte d’Aur Agglomération, la communauté d’agglomération de nos voisins. Il est vrai qu’on réprime un sourire à l’idée que l’obsession quotidienne du président Masquelier serait d’annexer le pays de Fayence dans son giron communautaire. 

Cette logique de rupture peut paraître très inconsidérée. En effet, dans le domaine de l’eau comme dans celui des déchets, nos partenaires sont intervenus dans des investissements qui nous ont profité, ou dans d’autres auxquels ils ont été amenés à considérer que nous participerions : c’est typiquement par exemple le cas de l’usine multi-filières pour trier les déchets. On peut estimer de 10 à 15 millions d’euros l’objet des litiges potentiels, et on aurait donc pu trouver souhaitable que ces litiges potentiels soient soldés d’une façon ou d’une autre avant de claquer la porte sur les doigts de ceux avec qui nous avons toujours travaillé. 

A cette logique pragmatique a été préférée, comme trop souvent, une logique idéologique, dans laquelle l’identité du territoire est sur-valorisée et hystérisée dans ce qui ressemble à une sorte de crise d’adolescence politique. Entre autres pommes de discorde, la notion de régie, en particulier, fait l’objet d’un malentendu : elle est perçue par nos dirigeants communautaires comme bonne par elle-même alors qu’elle n’est qu’un outil qui est bon ou mauvais en fonction de ce qu’on en fait. Il y a d’excellentes régies et de mauvaises délégations de service public, mais l’inverse existe aussi. Elu départemental pendant vingt ans, je me suis toujours souvenu, pour ce qui me concerne, que je n’étais pas seulement le représentant du pays de Fayence, mais aussi l’un des vice-présidents d’un département dont l’unité territoriale était la première mission. J’ai ainsi toujours milité pour que les deux sociétés publiques locales, celle des déchets (déjà créée) et celle de l’eau (à créer) associent autour d’une même table des représentants de tous les territoires. C’est pourquoi je me désole de ces algarades inutiles et un peu ridicules. 

Quand un peu de maturité politique nous aura tous repris, nous nous aviserons que nous avons bien plus à gagner dans la concorde que dans la discorde.