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Environnement et injonctions contradictoires

En ce moment se déroulent des travaux visant à doter notre centre village d’un nouveau parking de 40 places au quartier Saint-Roch, et ce en attendant mieux avec les possibilités offertes par l’acquisition de la propriété du Pradon. Ces initiatives correspondent, de la façon la plus évidente, à une nécessité : il suffit d’arriver en voiture au centre du village un peu tard dans la journée et notamment l’été, pour s’en apercevoir. D’ailleurs, la publication de ces nouvelles sur les réseaux sociaux à fait l’objet d’un large consensus.

Mais, signe des temps, et comme il est naturel dans la pluralité démocratique, d’autres voix se font aussi entendre, pour regretter l’artificialisation des sols ou pour nous reprocher d’encourager l’usage de la voiture qui serait un objet du passé. C’est un débat que je prends très au sérieux, notamment pour avoir vu comment le mouvement des gilets jaunes est né de la limitation de la vitesse à 80km/h sur les routes départementales.

Dans notre ruralité, la voiture n’est pas une option mais, en l’attente de pistes cyclables le long de la RD 562, le seul moyen de transport possible. La façon dont cette ruralité s’est développée a tenu à la fois à des doctrines de l’État, qui a voulu, après la guerre, étaler l’urbanisation dans les campagnes, puis depuis 20 ans se mettre à densifier ce qui avait été ainsi urbanisé. Le second facteur de cette évolution est sociologique : le rêve pavillonnaire est celui de 85% des Français. Il convient donc d’être mesuré au moment de se laisser aller à désigner ces habitants dépendants de la voiture comme boucs émissaires d’une transition écologique venue d’en haut. Sinon, il faudra éviter de s’étonner du progrès des votes extrêmes parmi cette population désignée depuis Paris comme retardataire, anachronique et de seconde zone. On a construit depuis des décennies des configurations urbanistiques dans lesquelles la voiture est indispensable, mais dorénavant il faudrait ne plus l’utiliser : c’est la grande injonction contradictoire de l’aménagement du territoire. C’est le même spectacle que celui qui nous est donné par la polémique sur l’autoroute Toulouse-Castres, menée par des esprits parisiens auxquels les réalités pratiques du Tarn semblent échapper. Cela ne signifie évidemment en rien que la transition écologique est quantité négligeable, ni qu’elle n’a pas de sens à Callian, qui est depuis plus de dix ans une commune à énergie positive, qui met en ce moment la dernière main à un plan local d’urbanisme dans lequel aucun terrain non constructible ne va devenir constructible, et qui a choisi pour sa nouvelle école un terrain déjà artificialisé et non un terrain naturel. Mais restons dans la réalité, et ne faisons pas non plus comme si le métro et le tramway étaient pour demain dans nos territoires.